La page généalogique de Thierry Payen

Histoires d'Hommes

 

 

Nicolas MAIRESSE

Né vers 1625, probablement à Caullery, bien que l'Abbé Thelliez évoque son "arrivée à Caullery" vers 1640, Nicolas MAIRESSE eut sans doute pour père Léonard MAIRESSE, de Neuvilly, décédé en 1643. Il serait originaire de la même souche que la famille MAIRESSE de Proville, dont l'ancêtre partit de Montay au XVIe siècle pour s'installer à Cambrai (document C20869 des Archives du Nord)

Nicolas MAIRESSE est à l'origine de l'implantation à Caullery d'une longue lignée de MAIRESSE, bien qu'un certain Martin MAIRESSE y soit signalé comme fermier, dès 1603. Il eut une importante descendance, dont plusieurs branches restèrent établies à Caullery jusqu'encore récemment et d'autres "émigrèrent" pour établir d'autres lignées à Haussy, Clary, Cambrai…

En épousant Antoinette SOHIER, fille de Parys, vers 1645, Nicolas reprend tout naturellement la ferme du chapitre que son beau-père avait exploitée pendant de nombreuses années. Il épousera plus tard, à une date non déterminée entre 1662 et 1680 selon les sources, Marie LEDUCQ, fille d'Urbain, Bailli du Sartel, petit fief d'une vingtaine de mencaudées sur le territoire de Caullery qui appartint longtemps à la famille FREMIN DU SARTEL.

Le 27 juin 1645, il prend donc à bail la Cense de Caullery à raison de 4 muids de blé par an, dont 2 en nature et 2 au prix de 40 patars le mencaud, et de 2 porcs à 12 florins pièce (Ms 1088, f° 42). Le 1er mai 1646, il prend à cense 4 mencaudées de terre, plus celles qui sont encore occupées par la veuve Parys SOHIER, pour 7 florins d’argent, pour commencer le bail dès 1647.

Les conditions qui furent faites dans la suite de ses baux à Nicolas MAIRESSE démontrent que les terres de Caullery rapportèrent peu, soit par stérilité, soit surtout par faits de guerre. C’était, on le sait, l’époque où Français et Espagnols n’arrêtent pas de s’affronter en Cambrésis, jusqu’à la victoire finale des Français en 1677.

Le Chapitre choisissant tout naturellement ses mayeurs dans la famille de ses censiers, Nicolas MAIRESSE devient Mayeur de Caullery vers 1648. Il continuera d'exercer cette charge, en alternance avec Urbain, puis Paul LEDUCQ, jusqu'en 1686. La longévité du mandat de Nicolas MAIRESSE (38 ans) a de quoi surprendre et nourrit l'éventualité de l'existence d'un second Nicolas MAIRESSE, possibilité que corrobore les différences de signatures selon les époques (voir la rubrique Documents). Il est d'ailleurs à noter qu'un autre Nicolas MAIRESSE, époux de Marie SOUFFLET, habitait Neuvilly à la même époque. Ce dernier, pour avoir laissé noyer leur enfant, était acquitté, en 1687, de la faute qu’il avait pu commettre à cette occasion, à condition aussi de payer tous frais de justice, de se confesser et communier et d’offrir un cierge d’une livre au vénérable sacrement dans leur église (Ms 1092, f° 1682).

La charge de Mayeur de Caullery restera dans la famille jusqu'à la révolution, qu'il s'agisse des fils et petits-fils de Nicolas MAIRESSE ou des QUENESSON, LESTOQUOY et LEDUCQ qui lui sont apparentés en ligne directe par le côté maternel.

Nicolas MAIRESSE reçoit du Chapitre, en 1648, certains subsides en argent pour construire des édifices dans la ferme. En 1652, son rendage est réduit à 3 muids de blé, dont moitié nature moitié argent. En 1656, il ne paie que 20 mencauds en nature et 20 en argent. En 1660, on ne lui impose plus que 34 mencauds, dont 17 en nature et 17 à 40 PATARS le mencaud.

En 1663, son rendage est augmenté à 3 muids et 4 mencauds en nature et autant en argent. Il revient, en 1664, aux anciennes conditions normales, 8 muids de blé, dont moitié à 40 patars le mencaud, plus 3 porcs de 2 esteulles ou 18 florins chaque. Mais, dès 1665, on doit le réduire de 26 mencauds de blé et de 32 en argent.

En 1667, Nicolas MAIRESSE fit l'objet d'une grâce spéciale de la part du Chapitre. Il l'acquittait en effet de l'homicide commis par lui sur la personne de Thomas MANIEZ, de Ligny, à condition de payer les dépens de justice, l'amende fixée, d'indemniser la partie civile et de venir à l'église avec une chandelle de cire de deux livres et l'allumer devant le vénérable sacrement (Ms 1090, f° 202). L'histoire ne dit pas quelles ont été les mobiles et les circonstances de ce mystérieux meurtre.

En 1668, il fait encore l’objet d’une remise de 72 florins en argent. En l’année 1676, on lui remet le tiers de son rendage et, en 1677, on lui concède encore 70 florins à condition qu’il acquitte les deux tiers du rendage de 1676; mais, en 1680, il n’a pas encore fourni la totalité des rendages, même réduits, de 1674 et 1675.

Cependant, en 1678, la paix était revenue par le retour du Cambrésis à la France, et il semble bien que Nicolas MAIRESSE ne puisse plus invoquer les dégâts faits par les soldats. Il accepte donc, pour son nouveau fermage du marché des terres, des bâtiments de la ferme et du terroir, le prix de 8 muids de blé, dont moitié acquittée à 40 patars le mencaud, plus 3 porcs. Mais, en mars 1680, il doit encore 24 florins des années 1678 et 1679 (Mms 1089, 1090, 1091, 1092, passim).

Le 2 mars 1685, le bail lui est renouvelé pour 9 ans, à condition de livrer 8 muids de blé, 3 porcs en nature et de payer 100 patacons de pot de vin. Mais, ce bail, il ne le finira pas. Nicolas MAIRESSE obtient, en 1684, 1686 et 1687, une réduction du fermage à cause de la stérilité des terres, ce qui semble bien motivé car ces années là d'autres habitants ne peuvent payer le coin de terre qu’ils labourent ou sur lequel ils ont construit leur demeure, parce que la terre a été stérile (Ms 1092 passim).

Il n’est plus mayeur de Caullery dès 1687, ayant dû céder sa charge à son beau-frère, Paul LEDUCQ, qui déjà l’avait remplacé de 1677 à 1681.

Nicolas MAIRESSE décède en février 1694. Outre les terres du Chapitre qu'il exploitait en fermage, il était devenu et de loin, au fil de ses acquisitions, le premier propriétaire foncier de Caullery. Le 4 mars 1694, c’est aux héritiers de Nicolas Mairesse que le bail est renouvelé, à condition qu’ils paient les arrérages. Ils héritèrent aussi du patrimoine foncier qui fit pendant longtemps de certains membres de la famille MAIRESSE à Caullery, de gros propriétaires terriens.

Jusqu'à la révolution, le branche aînée des Mairesse occupèrent la ferme du Chapitre. Marie Françoise SELLIER, veuve de Pierre Henry MAIRESSE en fit l'acquisition comme bien national en 1791, et ses descendants l'exploitèrent jusqu'aux abords de 1830.

Source: "Histoire de Caullery" par l'Abbé Cyril THELLIEZ

Léger BELLON

Fils de Jean BELLON, propriétaire à Ussel (Corrèze), et de Marie MEISONIAL, Léger BELLON naquit à Ussel le 13 février 1849.

Il deviendra scieur de long.

A l'age de 26 ans, et alors qu'il réside toujours à Ussel, il épouse Marie FAURIOL le 18 septembre 1875 à Sainte Terre (Gironde). Marie n'avait alors que 15 ans !

Il est à supposer qu'il avait connu sa future épouse au cours d'une campagne de sciage. Il était en effet fréquent que les scieurs de long partaient en campagne, loin de leurs terres, le plus souvent à la fin de l'été une fois les semailles achevées. Ils s'absentaient ainsi de leur domicile pendant de longs mois (de 6 à 8 mois) et profitaient de la morte saison pour conforter les revenus du ménage grâce aux pénibles travaux de sciage en long.

La date du mariage a ainsi son importance. Elle peut correspondre au début des contrats que Léger avait dans la région de Sainte Terre, justifiant ainsi son départ d'Ussel. Il est à noter que les deux parents de Léger n'avaient pas hésité à l'accompagner pour l'occasion.

Si l'on suppose que Léger et son épouse prirent alors leur domicile à Sainte Terre, la date du mariage peut également précéder de peu le départ de l'époux pour une nouvelle campagne.

Mais revenons au mariage… Sa célébration fût précédée le même jour par la signature d'un contrat en l'étude de Maître BAGAUD ou BAGAND, Notaire à Sainte Terre. Ces formalités accomplies, le mariage pouvait être célébré, en présence de la famille (seul le père de l'épouse, décédé, manquait à la fête) et des témoins: François Gabriel PIGAUD, 26 ans, marchand drapier, Charles François BREHAUT, 38 ans, percepteur, Jean Emile GOUJARD, 32 ans, instituteur et Pierre Philippe MUSSET, 22 ans, tous de Sainte Terre donc amis ou parents de la famille de la jeune épouse.

On imagine aisément les festivités qui s'en suivirent et la joie des époux et de leurs familles et amis.

Cette joie, le couple la partageât à nouveau à l'annonce de la maternité prochaine de Marie dont les rondeurs et les petits malaises ne trompaient pas.

C'est ainsi que le 26 août 1876 à 6 heures du matin, probablement après une nuit difficile, Marie DUCOUT, sage femme de 51 ans, mit au monde Pierre BELLON au domicile du couple ou à celui des parents de la très jeune femme, à Lavagnac, sur la commune de Sainte Terre. La déclaration de naissance fût faite par Jean Emile GOUJARD précité et Pierre SEREY, Boucher à Sainte Terre. La date de naissance est particulièrement importante car elle autorise à penser que Léger BELLON travaillait dans la région de Sainte Terre à la fin de l'année 1875. Elle nous permet de dire également que le mariage de Léger et de Marie était l'apothéose d'une belle histoire d'amour !

Il fallût ensuite attendre jusqu'au 23 avril 1879 à 23 heures pour voir la même brave Marie DUCOUT mettre au monde une petite sœur pour Pierre qui fût prénommée Marie Lucia. Elle fût déclarée à l'état civil par Pierre CLAVERIE, 47 ans, instituteur et Pierre MAZERAT, 52 ans, marchand de filets, tous deux demeurant à Sainte Terre. La maman, Marie BELLON, n'avait ainsi même pas 20 ans qu'elle était mère de deux enfants !

La joie que celle-ci sans doute éprouvait, illuminée par la présence au foyer des deux bambins, ne fût malheureusement que de courte durée.

En effet, une phrase laconique dans l'acte de mariage de Marie Lucia, en 1898, nous apprend que Léger BELLON disparût de Sainte Terre, son dernier domicile, en 1882.

Son épouse Marie n'avait alors que 22 ans et malgré tout deux jeunes enfants à charge. On peut donc entrevoir le drame qu'elle vécût, d'autant qu'elle ne sût peut-être jamais ce qu'était devenu l'homme qu'elle aimait.

Avait-il été assassiné au coin d'un bois, au cours de l'une de ses campagnes, comme cela survenait encore assez souvent en ces temps ? Avait-il été la victime d'un accident hors la présence de témoins et sans que son corps soit retrouvé ou identifié ? L'hypothèse de sa mort brutale est en effet à privilégier. On imagine mal le mari d'une jeune femme de 22 ans disparaître volontairement seulement 7 ans après son mariage avec ce qui fût sans doute le seul et grand amour de sa vie.

Connaîtrons-nous un jour la clé de ce mystère ? Peut-être les archives du Notaire de Sainte Terre pourraient nous éclairer, comme de même les documents successoraux relatifs à Jean BELLON et son épouse…

A suivre donc….

Source: Actes divers - Léger est mon Sosa 30

 

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